Bonjour,
Voici un roman noir que je viens vous chroniquer en retour de lecture : "Elle le Gibier" de Elisa Vix aux éditions du Rouergue.
L'histoire désastreuse de Chrystal racontée par ses proches et ses connaissances qui l'ont connue de son vivant quelques jours avant son passage à l'acte. Cette brillante chercheuse avec son Master de neurosciences en poche qui a intégré l'entreprise Médecines, le leader mondial de l'information médicale, voit sa vie basculer au fur et à mesure que ses compétences sont remises en question et que sa direction la brime sur son efficacité et son manque de rendement.
Elle va sombrer dans la solitude et la détresse profonde face à l'individualisme collectif de ses collègues indifférents. Mais que pouvaient-ils y faire de toute manière ?
Un superbe roman choral qui fait la part belle à toute cette inhumanité entrepreneuriale au profit de la productivité sans une possibilité de perspectives d'évolution. Les brimades incessantes, l'humiliation et la surexploitation des individus amènent inévitablement au surmenage.
Le turn-over des collaborateurs est omniprésent dans ses entreprises, les arrêts maladies également. Les salariés sont sous-payés, traités comme des pions non essentiels, remplaçables par d'autres aussi corvéables et soumis qu'eux.
La thématique du harcèlement au travail est traitée de manière magistrale, la longue descente aux enfers de Chrystal est édifiante. Les ravages provoqués ont des conséquences directes sur les désastreuses carrières professionnelles de ces jeunes qui sont broyés par ces machines où la rentabilité est reine.
Ce monde de l'entreprise qui brise l'humain est réel et n'est pas sans rappeller celui de France Télécom, en comparaison. Tout ça sous couvert du silence de ceux qui n'osent rien dire par peur de tout perdre. Je crois me souvenir que Marin Ledun en avait fait un livre également.
Superbe écriture de l'auteure, basée sur son expérience personnelle et donc d'une efficacité redoutable, qui nous décrit ces méthodes managériales dominées par la terreur jusqu'à ce que la pression soit trop forte et font craquer certains, en burn-out. A lire absolument.
Bonne lecture, amis lecteurs ! D'autres avis lecture à découvrir sur mon blog, c'est par ici ! --> https://lecture-chronique.blogspot.com
Extrait : Comme il était déçu de ne pouvoir engager une si brillante étudiante, me déclara-t-il, mais il partait à la retraite à la fin de l'année et, de toute façon, son département n'avait pas les budgets pour embaucher des nouveaux chercheurs. Quel dommage, soupirait-il. Quel gâchis. Une génération sacrifiée sur l'autel de la rentabilité. Sans parler des futures générations qui allaient forcément faire les frais du désengagement de l'Etat dans la recherche…
Commentaires
Enregistrer un commentaire