Bonjour,
Voici un polar basé sur des faits historiques que je viens vous chroniquer en retour de lecture : "Une autre histoire : Pour l'amour de Marie-Jeanne" de Claudine Jourdan aux éditions du Lys Bleu.
Avril 1923. Pierre et Guillaume sont associé dans une entreprise de scierie-saboterie. Pierre brigue la députation, il a accumulé de l'argent avec les américains pendant la guerre mais maintenant qu'ils sont rentrés au pays, l'entreprise connait une crise majeure.
Guillaume croule sous les dettes. Sa femme Marie-Jeanne s'est faite opérée d'un rein et est convalescente avec quatre enfants à charge.
Pierre, amoureux fou de Marie-Jeanne, tente de s'en sortir et va magouiller avec un américain qu'il surnomme "Charly" de vendre des Cadillac. Guillaume qui se débrouille plutôt bien en mécanique assurera l'entretien des automobiles. Pierre a rendez-vous avec cet américain à Paris au mois de mai.
Alors qu'ils doivent présenter l'une de ces Cadillac à la capitale, Guillaume qui la conduit rencontre problèmes sur problèmes. Pierre qui ne veut pas rater le rendez-vous avec "Charly", va attraper un train de marchandise direction Paris, Guillaume lui continuera à rouler avec la Cadillac autant que possible.
Mais la Cadillac crève une ultime fois, et lassé de ces pannes à répétition, Guillaume décide de rentrer. Or, depuis le soir de leur séparation, personne n'a de nouvelles de Pierre. Ce sera Guillaume qui sera suspecté et condamné au bagne, accusé d'avoir tué Pierre; les preuves trouvées par la police le démontrent.
Que s'est-il passé ? Pourquoi Pierre a disparu aussi soudainement ? Pourtant, Guy, fils de Guillaume et de Marie-Jeanne, douze ans à l'époque des faits, a vu des choses se passer. Il a juré de ne rien dire. Alors il s'est tu pendant de longues années…
Un bon petit roman qui revient sur cette affaire bretonne. L'affaire qui a fait grand bruit dans la presse n'est pas celle que connaissent les proches du condamné. Et c'est cette histoire que nous raconte Claudine.
Une fiction basée sur des faits réels et qui contredisent la version originelle. C'est bien pensé, bien élaboré, ce qui donne une autre dimension à cette histoire. Un meurtre a toujours un coupable désigné, mais le coupable désigné n'est pas toujours le meurtrier. C'est ce qui est médité ici au travers de ce récit pittoresque.
L'opinion publique qui condamne ou relaxe au même titre que la presse, la justice qui s'appuie sur les preuves circonstanciées que certains témoignages apportent à charge ou à décharge. Une enquête bâclée par les services de police qui n'ont pas pu faire toute la lumière sur l'innocence ou la culpabilité de Guillaume. C'est vrai que certains points de cette affaire soulèvent d'étranges interrogations.
Au final, une affaire publique qui deviendra un secret de famille bien gardé. J'aime l'idée que la vérité est conservée pour préserver la famille. Une belle histoire qui en cache une autre. Quand on arrive à la fin, on comprends certaines scènes décrites, le point de vue change inconsciemment, on ne se positionne plus du coté de la justice mais du coté du juste. Et ça fait toute la différence !
Extrait : Après quelques centaines de mètres, Pierre dit d'un ton sec à Guillaume : "Cette voiture n'est pas en état. Rentre en Bretagne. Je prends un train pour Paris". Il est 22h40. Un train de marchandise s'ébranle.
Merci !
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