Bonjour,
Voici un roman noir que je viens vous chroniquer en retour de lecture : "L'inconnu" de Eric Cherrière aux éditions Belfond.
Mais quelle histoire magnifique, sublime destinée que celle de Mademoiselle Chance et de son papa qui non seulement partagent le même patronyme mais aussi la douleur d'avoir perdu l'amour de leur vie.
Ce prologue qui d'entrée donne le ton : ce trio lié par la vie le sera également dans la mort, par la seule envie d'un "Inconnu" qui rêvera d'idéalisme toute sa tendre enfance et ce jusque dans sa vie d'adulte. Il a souffert étant jeune de sa condition de pauvre ? Les enfants des autres riches souffriront autant que lui une fois adulte.
C'est ce qu'il aura décidé en terme de vengeance, d'haïr les ultra riches pour ce qu'ils sont et ce qu'ils représentent à ses yeux : de la vermine à qui il va faire manger la poussière. Leur argent et le pouvoir qui va avec ne les sauveront pas.
Ces familles sont liées entre elles par un obscur passé, tractations entamées sous la Révolution française et qui scelleront les existences des uns et des autres par les liens du mariage, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la joie comme dans la tristesse jusqu'à ce que la mort les sépare.
Et au milieu de cette noirceur grandit une petite fille, abimée par la vie dès la naissance mais qui se révèlera magnifiée par sa vision éclairée, très adulte et moderne des personnes qui l'entourent. Elle a egalement une clairvoyance du monde qui va l'aider dans sa compréhension de "l'inconnu".
Ses réactions vont étonnées plus d'un et sa mission finale de sauver ses cousines sera facilitée par sa perception globale de la situation. Une lutte personnelle contre ses propres traumas d'enfance la fera se remettre en question à chaque instant. Ses interrogations sont pertinentes. Les adultes n'ont toujours pas les réponses adaptées mais la petite sait intérieurement ce qui est mieux pour elle et pour son père.
Des scènes assez hardcores sont décrites, un roman noir qui fait autant dans le sanguinolent que dans l'enfer psychologique. Le lecteur est happé par ce déchainement de violence, accentué par des chapitres courts, rythmés, insufflés d'actions retentissantes.
J'ai adoré ce que j'ai lu. J'ai été totalement embarquée dans cet univers de lutte des classes, de revers politiques et de dérives de puissantes familles dirigeantes. Il découle de ce contraste riches/pauvres cette orgie de barbarie. Une tuerie !
Extrait : L'aube des temps glisse entre ses petits doigts. Elle ne se dit pas tout cela, la petite fille, elle n'a pas encore les mots pour exprimer les fantasmes. C'est pourtant ce qu'elle ressent avec une force et une évidence qu'elle tentera de retrouver toute sa vie. Pour l'instant, elle se contente de dire : "C'est beau. Et j'ai peur".
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