AvisRomanNoir : Les écœurés de Gérard DELTEIL (Ed. Du Seuil)

 


Bonjour,

Voici un roman noir que je viens vous chroniquer en retour de lecture : "Les écœurés" de Gérard Delteil aux éditions du Seuil.

Saint-Plennech, en Bretagne. Le mouvement des Gilets Jaune, bien installé sur le rond point du Mouchoir-rouge voit arriver parmi ses membres un nouveau venu, Alain. Il se fond vite dans la masse, lie facilement connaissance avec les manifestants. Il côtoie surtout Claire avec qui il va avoir une aventure.

Mais Alain n'est pas vraiment un Gilet jaune. C'est un lieutenant de la police stagiaire, tout droit sortir de l'école de police, chargé par le commissaire Barjac d'infiltrer le mouvement et espionner les divers profils. Il doit se faire passer pour l'un d'eux. Il doit également rendre des comptes au capitaine Gantois, de la DGSI. 

Lors d'une journée d'action, sur un barrage filtrant, une manifestante se fait renverser par un chauffard qui la tue. Quelques jours plus tard, une marche blanche est organisée. Très vite, la marche dégénère et de gros dégâts sont à déplorer, notamment chez un commerçant de vin. Les militants ont également décidé d'occuper le port et d'en bloquer les ferries.

L'apprenti-flic comprend alors que la situation devient incontrôlable, sans chef pour régenter tout ça. Le porte-parole Bruno Delbecq, fondateur du mouvement, se fait très rapidement mettre hors-jeu par l'ensemble des manifestants.
Devers réalise qu'il doit la jouer finement s'il ne veut pas être démasqué.

Roman très social centré entièrement sur le mouvement des Gilets Jaunes et sur leurs actions à défendre, notamment le RIC. Mouvement qui a fait énormément de bruit comme on s'en souvient tous.

Les images que l'on a pu voir dans les journaux télévisés nous reviennent en mémoire. Ici, loin de la violence parisienne, l'ambiance reste électrique mais se veut avant tout pacifiste.

L'enquête de Devers est reléguée au second plan, vu qu'il n'est pas directement impliqué dans sa résolution. C'est surtout l'importance des relations humaines et des actions entreprises par les militants qui ressortent.

Alain au début constate, reste en retrait et analyse la situation avec son point de vue de flic. Mais très vite, sa position vacille. Il n'est plus tellement sûr de ce qu'il fait, surtout qu'il se sent manipulé par son supérieur et la sous-préfète, que les malversations, tractations et autres combines mènent la danse.

Ce que je retiens avant tout, ce sont les personnages. Ces écœurés qui sont dépeints dans un réalisme sincère au sein du rassemblement. Ces gens qui se bougent, pas de manière coordonnée certes, plutôt de façon spontanée, avec des revendications multiples. Chacun a son mot à dire, leur existence en dehors du mouvement n'est pas évoquée.

L'auteur a écrit ce livre comme un genre de reportage bien documenté sur les Gilets Jaune. Il dépeint sans excessivité le tableau tel qu'on l'a connu. Un bon roman noir social qui s'infiltre dans l'immersion de ces mouvements citoyens où la colère domine. 

Bonne lecture, amis lecteurs ! 
Mon blog : https://lecture-chronque.blogspot.com

Extrait : Personne ne demandait de comptes à personne. Chacun venait et restait le temps qu'il lui convenait sans que soit établi un roulement. Le départ du lieutenant ne fut pas davantage remarqué que son arrivée.


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