AvisRomanNoir : 115 de Benoît SEVERAC (Ed Pocket)

 

Bonjour,

Voici un roman noir sociétal que je viens vous chroniquer en retour de lecture : "115" de Benoît Séverac aux éditions Pocket. 

J'ai rencontré l'auteur au salon du livre de Marmande le 7 mai. J'ai été tentée par la quatrième de ce livre et le résumé qu'il m'en a fait.

Toulouse. Nathalie Decrest, est en intervention sur un site qui organise des combats de coq clandestins quand elle trouve deux albanaises avec un petit garçon dans un container. Arrivée clandestinement en France, la policière aidée de la PJ va essayer de remonter la filière pour arrêter ce trafic. Plus facile à dire qu'à faire.

En même temps, la vétérinaire dépêchée sur site pour constater s'il y a des violences volontaires sur les coqs, va être intéressée par les clandestines. De son côté, elle veut proposer une clinique gratuite pour les animaux des sans-abris. Là aussi, plus facile à dire qu'à faire.

Les deux femmes vont se croiser tout le long d'un chemin parsemé d'embuches. Elles vont côtoyer la violence des rues, celle des réseaux de prostitution. Toulouse est une grande ville qui cache tellement de petites choses…

Superbe roman noir qui a d'ailleurs reçu un prix et c'est amplement mérité. Le coté social s'impose comme une norme, les quartiers malfamés ont la part-belle. L'auteur intéresse le lecteur à visiter Toulouse loin du cliché touristique. On découvre alors les délaissés et les anonymes qui peuplent la ville rose où tout n'est que noirceur profonde pour eux.

Ce roman peut être vu comme une sorte de reportage, en immersion avec les locaux, les volontaires des associations qui œuvrent tant bien que mal. L'auteur nous en dépeint le quotidien avec  son langage à lui, brut et sans fioriture. Une certaine colère et injustice pointent le museau au travers des deux femmes qui ont l'air tellement humaine et si sensibles à la cause ! 

L'authenticité prime au profit d'une fiction qui n'en est pas une. La détresse des policiers comme des associations est omniprésente, on sent toute leur impuissance à faire face à toute cette misère. Tragique destin d'une population sacrifiée condamnée à disparaître dans les tréfonds de la marginalité. 

Un polar très noir qui va vous faire entrer dans un autre monde, plus confidentiel et anonyme, celui de la réalité vraie, celui des vivants que plus personne ne voit… 

Bonne lecture, amis lecteurs !
Je remercie infiniment Benoît pour la belle dédicace.

Extrait : Les passeurs ont tenu parole. Ils les ont sortis de l'eau et les ont amenés à bon port, jusqu'ici, en France. Ils n'ont pas non plus menti sur le fait qu'ils leur appartiendraient, une fois arrivés à destination. Trois ans de travail. Deux en échange de son passage à elle, un pour celui de son fils.



Commentaires