AvisRomanNoir : Baraque à frites de Jérémy BOUQUIN (Ed. In8)

 


Bonjour,

Voici une novella que je viens vous chroniquer en retour de lecture : "Baraque à frites" de Jérémy Bouquin aux éditions In8. Il sort ce 12 mai.

Julien et sa maman Sonia tienne une friterie sur une place passante. "Maman" gère sa boutique comme une vraie cheffe, elle n'a pas son pareil pour tenir à distance les petits jeunes qui viennent embêter son fils, qu'ils surnomment "Ouin Ouin", à  cause de sa maladie comme le dit Julien.

Julien est tout simplement un autiste trentenaire. Sa vie à la baraque à frites, c'est tout ce qu'il connaît. Les rituels qui accompagnent son quotidien l'aide à faire face. Mais un matin, "Maman" ne se réveille pas, Julien va devoir assumer seul la gérance de la baraque à frites.

Superbe roman noir social, très touchée par le destin de Sonia qui gère son fils et ses affaires comme une maquerelle. Rien ne lui échappe, elle gueule tout le temps, les gens savent qu'il ne faut pas la chercher au risque de s'en prendre une. Malgré sa carapace, elle souffre, elle n'est pas en forme mais elle tient le coup pour son fils.

On suit les deux protagonistes sur une semaine. D'autres personnages, plus énigmatiques, entourent le couple principal. La justesse de ton, le rendu incroyable sur la vie et les petits manies ritualisées de Julien, j'ai été très sensible à cet homme qui, malgré ses trente ans, est resté un petit garçon qui se réfugie dans son monde dès lors que des imprévus viennent entacher son quotidien routinier.

Dès le début, on sent toute la générosité et l'humanité dont est doté Julien. L'amour maternel de Sonia n'est pas flagrant à l'égard de son fils, mais on sent bien qu'elle fait tout pour le protéger à sa manière des brutes et l'éloigner autant que possible des problèmes et des conflits. 

Julien est coincé dans une vie étriquée par la maladie qui ne lui donne pas la possibilité de rêver mieux. Maman gère, il se repose sur elle, sa vie tourne autour d'elle, Julien se cherche et essaye de trouver sa place dans une société qui peine à l'accepter tel qu'il est et malheureusement lui rend coup sur coup. Il évolue dans l'indifférence générale, les gens ne cherchent même pas à comprendre et le stigmatisent à son autisme.

Un récit bouleversant qui révèle tellement de ses personnages dans la singularité de leur petite vie rythmée par le travail à faire tourner cette baraque à frites. C'est très bien écrit, le rendu du quotidien tellement réaliste fait prendre conscience de la souffrance silencieuse de ces petites gens qui ne se plaignent jamais de leurs conditions de vie. 

Comme un portrait sincère et empathique des gens modestes, oubliés de tous, qui n'ont plus que leur travail pour exister… Magnifique ouvrage, comme toujours la plume de Jérémy est qualitative ; je suis conquise par ses mots qui me touchent tellement parce qu'il arrive à nous dépeindre un quotidien avec tant de justesse qu'il ne peut nous laisser insensible. A lire absolument !

Bonne lecture, amis Lecteurs ! 
Mon blog : https://lecture-chronique.blogspot.com

Un immense Merci à Josée et aux éditions In8 pour le livre, une très belle rencontre que j'ai appréciée. 

Extrait : La frite. un nom marrant, original, une idée de Mike à l'origine. Une baraque montée autour d'une ancienne caravane, ouverte sur le flanc, puis surélevée sur des parpaings, agrandie depuis par deux chalets préfabriqués placés derrière pour les frigos, et une forme de niche récupérée pour y coller le groupe électrogène qui râle plus que maman ! C'est dire le boucan qu'il fait !

Commentaires