AvisThriller : Silence en cours… Veuillez patienter de Maïa HOTI (Ed. Librinova)

 


Bonjour,

Je viens vous chroniquer en retour de lecture ce thriller : "Silence en cours… Veuillez patienter" de Maïa Hoti aux éditions Librinova.

Ce livre traite avant tout d'un problème auditif peu commun : la misophonie. C'est une aversion aux sons ; certains sons produits par une tierce personne deviennent insupportables à l'oreille de celui qui en souffre. Et celle qui souffre ici, c'est Claudia Skipper, une caennaise qui enchaine les petits jobs depuis tant d'années et les licenciements à la suite à cause de ce mal qui la ronge. 

Sa conseillère emploi lui propose un travail dans un hôpital psychiatrique. Claudia y va sans grande conviction. Sa première journée la chamboule tellement qu'elle va y revenir pour une seule raison : Emile. Ce monsieur la fascine, atteint comme elle de ce trouble, il va lui faire des révélations assez troublantes.

En parallèle, sa copine Ninon journaliste nous plonge dans une de ses investigations, une série de meurtres sordides dans les rues de Caen au mode opératoire plus que troublant. 

Je n'ai jamais caché que j'étais sourde, le handicap sensoriel fait partie de ma vie. Alors quand j'ai su que ce livre abordait l'hypersensibilité de l'audition, je me suis dit que j'étais déjà en terrain connu, que j'allais retrouver un univers qui me colle à la peau. Et c'est donc dans cet état d'esprit que j'ai commencé ma lecture.

J'ai assez vite trouvé des incohérences dans le comportement de Claudia. Cela m'a valu d'innombrables questions dans ma tête, des réflexions posées, de la logique à adopter face à un tel mal-être. Et de questions en déambulation psychique, j'ai laissé filer le récit, je me suis échappé de l'histoire pour ne retenir que ce qui n'était pas sensé. 

J'ai fait une fixation dessus, j'ai essayé d'imaginer, de m'identifier à ce trouble et j'ai vu également qu'elle en parlait toujours de manière négative. Je suis sûre qu'en y réfléchissant il doit y avoir moyen d'en retirer du positif, de trouver des occasions de s'isoler efficacement de ces bruits intempestifs qui lui font défaut dans son quotidien, de pouvoir également maîtriser son exposition à ces fameux bruits par des moyens de blocage de sons.

J'ai trouvé qu'après le premier chapitre, son problème de misophonie était occulté au profit d'une curiosité malsaine concernant Emile. Elle le colle comme c'est pas permis, (je trouve) alors qu'il fait tout pour s'éloigner des autres car lui aussi est atteint de misophonie et qu'il en ressort beaucoup plus impacté qu'elle socialement. Heureusement, ses collègues Sophie et Roger sont là pour l'aider à s'intégrer avec les autres patients.

Mais visiblement, Claudia n'en ressent aucune gêne et vient quand même embêter Emile, le force à parler, lui fait raconter sa vie, je trouve son comportement trop intrusif. Je trouve bizarre aussi qu'elle ne cherche pas un endroit tranquille, ou qu'elle ne soit pas en possession d'appareils technologiques pour se calmer, ou tout du moins s'isoler de ces bruits qu'elle perçoit comme parasites. 

Les casques "masquage sonore" ou "bruits blanc", appelés aussi "casques à réduction de bruit" ne sont jamais évoqués, pas une seule fois. J'ai quand même trouvé ça étrange qu'elle n'en porte pas un, surtout lorsqu'elle retrouve sa copine Ninon dans ce bar-tapas, où des gens tout autour d'elles déglutissent !  

Claudia arrive à passer un bon moment avec sa copine et donc supporte comme par miracle les petits bruits de ses voisins de table qui, d'ordinaire, la dérange outrageusement ! C'est comme si elle vivait dans un monde sans bruit par moment, c'est très déstabilisant car à plusieurs reprises, on se demande si elle est vraiment atteinte de ce trouble auditif. 

Au fur et à mesure que le récit se déroule, sa misophonie s'efface au profit de son obsession pour Emile et pour son histoire personnelle, un homme qui a les mêmes symptômes que Claudia et qu'elle semble pourtant découvrir comme si son trouble psychique était nouveau pour elle. 

En parallèle, avec cette histoire de meurtres qui survient, l'histoire assez simple permet d'entrevoir et de deviner le coupable bien avant la fin. Cette fin d'ailleurs qui m'a totalement laissée dubitative, je la trouve un peu trop tirée par les cheveux.

Je ne vous dis pas tout le reste pour éviter de trop vous en dévoiler, je vais juste conclure en disant que je n'ai pas apprécié ma lecture. Je me suis focalisé sur ces aberrations et autres incorrections, ce qui m'a gâché mon plaisir. J'ai trouvé tellement dommage que le sujet sur le dysfonctionnement auditif n'ait pas su me toucher, moi qui pourtant était plus à même de comprendre le mal-être de l'héroïne. Tant pis, ça arrive parfois de passer à côté… 

Bonne lecture amis Lecteurs
Je remercie chaleureusement Charlotte et les éditions Librinova pour leur confiance renouvelée.

Extrait : J'ai essayé. je ne renonce pas devant ce challenge difficile, mais les tests ne sont pas concluants. Ils sont toujours inattendus, déconcertants, étourdissants. Céder, c'est leur ouvrir les portes de la victoire, leur permettre d'enrôler ma raison, ma conscience. Mais je ne m'avoue pas vaincu, la partie n'est pas terminée. 

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