Bonjour,
Nouvelle chronique en retour de lecture : "La Figuière en héritage" de Françoise Bourdon aux éditions France Loisirs.
Mélanie est mal née, elle a été abandonnée dès sa naissance chez les sœurs et ces dernières se sont occupées de placer Mélanie dans une famille. Elle tombe chez un couple d'agriculteurs qui ne lui fait pas de cadeaux. Malgré la vie dure qu'elle mène, elle espère s'en sortir grâce à l'éducation, au minimum d'instruction qu'elle souhaite recevoir. Mais pour y arriver, elle doit quitter cette famille.
Son destin l'attend ailleurs et c'est ainsi qu'elle tombe sur une famille d'accueil qui va la prendre sous son aile. Leur bienveillance contraste totalement avec ce qu'elle avait connu jusque là. Elle va devenir cartonnière comme Sylvine, sa mère d'adoption et va se trouver un destin rêvé par la suite en épousant Alexis : héritière du domaine de la Figuière. Une ascension sociale au prix de multiple effort et de concessions.
J'ai adoré ma lecture, c'est un superbe roman familial qui nous plonge dans la France des années 1800-1900, jusqu'à la fin de la première guerre. On y apprend la fabrication de l'absinthe et son histoire, on voyage à travers la Provence et la cité des Papes (Avignon), et on en apprends également beaucoup sur le courant de l'époque, le "Félibrige", mouvement créé par un groupe de sept poètes provinciaux pour sauvegarder et promouvoir la langue occitane.
Mélanie apparait comme une jeune femme indépendante, très tôt elle veut s'affranchir de tous ce qui l'oppresse dont l'affublent tous ceux qu'elle rencontre. Elle doit jouer son rôle de femme, perpétrer la tradition ancestrale (se marier, avoir des enfants). Sauf son frère adoptif, Jean-François, qui comprends très vite que sa "petite" est et restera indomptable. Il n'aura de cesse de l'accompagner durant les moments cruciaux les plus importants de sa vie.
Toute sa vie, sa condition de paria va l'empêcher de se réaliser complètement, elle y arrivera un peu tard, mais la délivrance lui permettra de devenir une femme accomplie, courageuse et téméraire. Elle sera enfin en paix avec elle-même, au prix du sacrifice et des efforts accomplis pour arriver à ses fins.
Le sujet d'actualité dont il est question dans ce livre porte sur les enfants abandonnés et placés, il y en avait beaucoup à l'époque. La guerre de 1870 y est pour beaucoup, le contexte social de ses familles qui vivent à la dure est évoqué sans équivoque. L'industrialisation est en marche, les usines ont besoin de main d'œuvre. C'est très bien documenté, surtout l'histoire de la fabrication de l'absinthe et de la famille qui fit fortune avec cet alcool.
Un bon roman dramatique qui m'a subjuguée. J'ai pris plaisir à découvrir la vie de Mélanie. Le destin tragique d'une jeune femme forte et attachante qui ne va pas laisser la vie lui dicter sa loi. Le lecteur prend une véritable leçon de vie, mais quel bonheur de lire ce livre !
Bonne lecture, amis Lecteurs
Extrait : Il ne faisait pas bon d'être une femme en Ardèche en 1868. A fortiori lorsqu'on était une gamine placée. Mélanie ne comptait plus les insultes ni les coups. A la différence d'Augustine, d'Albine ou de Louise elle ne courbait pas le dos.
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