AvisLitteraire : J'avais douze ans de Nathalie SCHWEIGHOFFER (Ed. France Loisirs)

 


Bonjour,

Voici un roman que je viens vous chroniquer en retour de lecture : "J'avais douze ans" de Nathalie Schweighoffer aux éditions France Loisirs.

Nathalie a douze ans quand son père la touche pour la première fois. Il va continuer pendant des années ses attouchements sur sa propre fille, Nathalie raconte son calvaire, ce qu'elle a subie par ce "monstre" comme elle l'appelle. Lorsque sa mère décide enfin de quitter le foyer conjugal avec ses enfants sous les bras, c'est à ce moment-là que Nathalie, dix-huit ans à peine, raconte tout et décide de porter plainte contre ce père incestueux. 

Elle va raconter dans ce livre, avec ses mots, la vérité aussi crue soit-elle, détailler les sévices subits, la haine, la rage et la rancœur qui l'animent au fil du temps, l'autodestruction dans laquelle elle s'enfonce, la spirale infernale qui ne cesse de croître en même temps que les châtiments corporels et moraux. Même à la condamnation de son père par la justice, elle ne parviendra jamais à retrouver la paix avec elle-même.

J'avoue que je n'ai pas les mots pour vous dire à quel point ce livre est poignant, choquant, dégoutant, l'inceste dans toute sa splendeur malheureusement. J'ai eu la nausée de lire tout ce que Nathalie subissait. Je sentais poindre en moi une révolte sourde, à chaque fois je ne pensais qu'à une seule chose, que je me répétais en boucle : "pauvre gosse, c'est pas possible". 

Là où c'est carrément écœurant, c'est d'avoir eu les détails. Ce sentiment de malaise, je l'ai eu dès les premières lignes. Je ne m'attendais absolument pas à lire ce genre de livre, un témoignage aussi brutal, toute cette violence décrite, vécue hélas, on rentre comme jamais dans l'intime, Nathalie a reussi à se livrer sans pudeur. Mon dieu que ça a du être dur d'écrire tout ça, de revivre en mémoire ce passé douloureux. 

La réalité des faits montre une enfance foutue, un bonheur bafoué. Une enfant victime de la barbarie de son père, celui en qui elle aurait dû avoir confiance, ce père, ce roc. Ne pas réussir à parler avant sa majorité fut difficile, et ça peut parfaitement se comprendre. Dénoncer les horreurs pareilles, c'est faire face à la honte et aux regards des autres.

Ne sous-estimez jamais le malheur d'un enfant à travers ses peurs et son humiliation, vous ne savez pas à quoi vous attendre, et certainement pas au pire. Je semble encore choquée par les quelques scènes qui me restent en mémoire. Je suis énormément marquée par ce témoignage.

Bonne lecture amis lecteurs

Extrait : Qu'est-ce qui m'arrive , Il est là dans son peignoir marron, debout devant mon lit, l'air bizarre, le regard dur, froid, comme si j'avais fais quelque chose de mal. J'ai rien fait de mal aujourd'hui. Pourquoi j'ai peur ? Je recule contre le mur, je m'y écrase, je tire le drap sur moi. Je devrais sûrement foutre le camp, me barrer, mais il y a le mur derrière moi et mon père devant. Qu'est-ce qu'il fait assis sur mon lit à une heure pareille ? C'est pas normal. 

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