Bonjour,
Chronique de ce roman régional en retour de lecture.
Le Limousin, 1875. Le domaine d'Aiguemont de plus de mille hectares abrite la famille des Sérilhac. Des gens aisés qui aspirent aux petits bonheurs, des métayers se chargent d'entretenir l'immense propriété. Jusqu'au jour où Clara, la mère et l'épouse de Pierre, meurt piquée par un serpent. Suite à cela, Pierre part se réfugier près de la tombe de sa femme, à l'écart d'Aiguemont.
Son fils François, reprends les rênes du domaine. Il va changer radicalement le paysage et le devenir du domaine en acceptant que le chemin de fer passe sur sa propriété. Pierre, à qui ce changement ne plaît guère, va se battre contre vents et marées pour que les travaux ne défigurent pas complètement Aiguemont.
Quand à la fille, Mathilde, elle va faire la connaissance du maitre d'œuvre Paul Nordling qui va la mettre dans tous ses états. Est-ce l'amour pour cet homme qui la perturbe à ce point jusqu'à se mettre en porte-à-faux de sa famille ? La foudre va s'abattre sur ce havre de paix et faire de nombreux dégâts.
Très beau roman terroir que celui-ci qui met en avant une famille aisée, fortunée, ancrée dans ses traditions ancestrales. La venue du chemin de fer et la modernité qui l'accompagne vont chambouler toutes les règles établies depuis des générations par les ascendants Sérilhac.
Tous les personnages sont torturés émotionnellement, à commencer par le patriarche qui se satisfait de sa situation et se repose sur ses acquis. Sa femme Clara est présentée comme une perle, elle apporte toute sa lumière et sa bienveillance sur ce domaine qui va sombrer bien vite dans la noirceur de la mélancolie à sa mort. Mathilde va tenter de briller auprès de sa famille mais ce ne sera que le fantôme d'une déchéance féminine qui va se sacrifier au profit de ses frères.
Arnaud, le vilain petit canard de la famille, va en faire voir de toutes les couleurs à son père. Pourtant, ce fils est aimé plus que tout par ses proches qui ne cesseront de s'inquiéter de son sort. François a du reprendre le flambeau à la suite de son père et essaie de se démener pour maintenir à flot la prestance des lieux et de la famille. Une charge qui lui incombe et dont il a bien du mal à s'en dépatouiller.
Le domaine d'Aiguemont peut être vu comme un personnage à part entière tant il est décrit comme vivant. La terre respire de souvenirs, de lieux mémorables, de cette beauté qui s'affiche et se peaufine avec le temps. Seuls les gens qui y vivent ne voient pas à quel point cette terre si précieuse va les détruire au fur et à mesure qu'il la détruise. C'est le rôle de Paul, avec son œil de photographe, qui va réhabiliter ses lettres de noblesse à ce lieu paradisiaque sous l'influence de Mathilde.
J'ai bien aimé découvrir ce microcosme de gens influents et des métayers qui occupent une part très importante sur le domaine. La force de ce roman réside dans ses personnages et dans l'histoire du domaine qui s'inscrit dans la grande Histoire. Je ne connaissais pas l'auteur et je lui trouve une écriture romanesque, fleurie, poétique. J'ai passé un agréable moment, c'était une lecture fort intéressante.
Bonne lecture amis lecteurs
Extrait : Le pavillon, comme l'appelait Mathilde et François, avait été longtemps un lieu d'intimité où leurs parents aimaient se retrouver seuls. C'était là, au printemps, un jour de promenade, à l'abri d'un bosquet d'églantiers, que Clara affirmait qu'avait été conçu le premier de ses enfants.
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