Bonjour, ce polar a été lu dans le cadre du crowdfunding des éditions du caïman auquel j'ai participé. Je remercie chaleureusement Jean-Louis et Patrick pour cette lecture.
L'histoire familiale de Sidonie, Rose et Eugénie au siècle dernier dans une ferme agricole d'une petite ville de l'Est racontée par cette dernière alors qu'elle croupie dans une cellule d'un commissariat avec Estrella, une jeune gitane. On va alors découvrir Sidonie et sa dévotion incarnée, sa fille Rose, une taiseuse abusée par tous les hommes qu'elle va croiser dans sa vie et sa petite-fille Eugénie, aux yeux vairons, qui lui confèrent une aura toute particulière.
Je n'ai jamais connu un roman noir qui ressemblait autant à une tragédie grecque tellement le malheur s'abat sur ces femmes. Même le malin ne voudrait pas de cette vie-là tellement c'est à ce point si désastreux de vivre ainsi sous cette condition humaine.
Ces femmes n'ont suscité en moi que pitié et tristesse. J'étais vraiment désolée pour elles, que le coup du sort s'acharne ainsi à leur faire vivre tout ça. Leur souffrance fait mal au coeur, littéralement. Elles sont confrontées aux dilemmes moraux qui font écho seulement aux autres ; les trois femmes vivent sans se poser de questions, surtout Rose la pauvre, et avancent bien malgré tout vers leur destinée tragique.
Une succession d'événements qui se déroulent entre les deux grandes guerres vont amener les protagonistes à faire face aux échecs répétés de leur existence. Je ne sais pas d'où elles tiennent cette force qui les font se relever à chacun de ces drames qui ponctuent leur vie ; ça tient presque du miracle lorsqu'elles arrivent à faire front ! Des femmes à ce point héroïnes de leur propre vie, en quelque sorte.
L'auteur nous offre un aperçu de la France profonde de cette époque, encore majoritairement paysanne. L'argot, la familiarité des dialogues, nous font ressentir ce fort ancrage. L'exode rural vers les villes attractives qui s'industrialisent est une réalité qui nous est montrée ici. De même que les ravages qu'ont provoqués les guerres sanglantes ainsi que toute l'ignominie de ce que l'on connait aujourd'hui.
Je ressors de ma lecture mélancolique et assez secouée par tous ces vécus. L'auteur donne une vision très pessimiste de la vie de ces trois femmes, si on peut appeler cela une vie. Elles subissent, elles courbent tellement l'échine sans jamais rompre pourtant. C'est un livre d'une violente noirceur et d'une tristesse infinie au regard tragique sur la société dans les campagnes de l'époque.
Je terminerai en disant que c'est par la grâce de l'auteur que la mise en lumière de ce roman noir se fait, et plutôt de manière magistrale ; qu'est-ce que c'est bien écrit !
Bonne lecture amis lecteurs
Extrait : La nuit ne tarderait plus à être totale mais on y voyait encore assez pour suivre le vol concentrique et silencieux des dizaines de chauves-souris en train de se régaler de copieuses portions de mouches, moucherons et moustiques qui envisageaient sans doute un autre sort en entamant cette promenade vespérale.
Commentaires
Enregistrer un commentaire