Bonjour, chronique de ce roman en retour de lecture.
Ce premier tome nous plonge au cœur de la région du Nord, une Lille industrialisée, dans la famille Surmont-Rousset qui développe ses affaires dans la négoce en laine et coton, la filature et le tissage. Laurent, le père, est sur le point de marier la première de ses quatre filles, Aline, qui n'a pas vraiment choisi son futur époux mais qui convient au père. Il va pouvoir offrir un digne successeur à ses activités.
Mais voilà, cette année 1914 marque le début de la première guerre. L'époux d'Aline est mobilisé à la guerre trois jours seulement après son mariage. Les affaires du père ne sont pas folichonnes, les machines sont réquisitionnées par l'armée allemande pour fabriquer des armes. Aline va rester auprès de ses parents et on va suivre le parcours chaotique de cette famille qui traverse la guerre comme elle le peut et va voir sa condition de famille aisée changer.
J'ai bien aimé ce début de saga, la condition de la femme est évoquée au travers des actes d'Aline, de ses sœurs et de sa mère. D'ailleurs, les femmes sont au coeur de cette aventure, on découvre qu'elles s'engagent dans la modernité avec force et abnégation. Les parents d'Aline sont très conservateurs et vont se heurter à cette jeunesse qui veut s'affirmer et évoluer avec son temps.
Aline est une femme forte, qui va acquérir son indépendance par la force des choses, bien qu'évoluant dans la conformité de ce que ses parents attendent d'elle. Une dualité que l'on retrouve dans tout le roman. Les autres sœurs éprouvent des difficultés à exister et peinent à affirmer leur personnalité distincte. La petite dernière, Delphine, est quasiment inexistante.
La guerre est en fil rouge et apparaît surtout en toile de fond. L'auteur a su créer des personnages forts, captivants, crédibles au vue du contexte familial et social qu'il expose. Les relations entre tous les personnages, en famille ou non, sont très complexes. Je n'ai pas senti tellement d'amour entre sœurs, ou entre enfants et parents. Et pourtant, leur humanité se reflète et les révèle.
Ce fut une lecture captivante. L'auteur a su transcrire avec soin les émotions et les conflits sans tomber dans le gore. Un récit à la fois doux et puissant qui nous transporte dans l'histoire d'Aline et de sa famille. J'ai adoré, je vais attaquer le tome suivant, "Aurélie".
Bonne lecture amis lecteurs
Extrait : "Mariage pluvieux, mariage heureux", assura un jour la grande Augusta. Et le lendemain : "S'il pleut le jour de son mariage, la mariée pleurera jusqu'à la fin de son âge". Céline s'interrogeait, s'inquiétait de ces contradictions, scrutait le ciel où de gros nuages blonds, blancs, gris, s'étiraient, se déchiraient, formaient d'étranges figures, rondes comme des fesses ou longues comme des jambes de hérons.

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