Bonjour, ce roman a été lui et chroniqué dans le cadre d'une Masse critique Babélio. Je remercie chaleureusement Babélio et les éditions Laffont pour cette lecture.
Je ne connaissais pas cette saga et ce livre a fait l'objet de toute mon attention. J'ai donc fait la connaissance de l'inspecteur Sadorski et je dois avouer que j'ai été surprise du personnage et de cette mentalité qu'il affiche. Il est présenté comme un collabo qui a envoyé des juifs à la mort et parallèlement, comme un très bon enquêteur qui a une excellente mémoire. Il est corrompu, ses crimes passés le rattrapent. Il s'obstine dans cette survie, caché, et porte en lui cette morale d'une très grande noirceur. C'est un protagoniste sans cesse sur le qui-vive.
Le récit se déroule dans la majeure partie de mai-juin 1945, dans un moment historique crucial, celui du retour des déportés qui apportent avec eux les mauvaises nouvelles de tous ces disparus des camps de concentration. L'intrigue se concentre surtout sur ce trafic d'œuvres d'art spoliées pendant l'Occupation. Sadorski devient détective au service d'un juif d'origine polonaise exilé d'Amérique dont la mission est de traquer ces chefs-d'œuvre volés aux collections juives.
On va pas se mentir, l'ambiance juste après-guerre est franchement cynique, pourrie jusqu'à l'os. C'est la période où les lâches et les profiteurs tentent de se blanchir et les gens, qui font face à toute cette accumulation de cadavres, ont du mal à accepter l'horreur qui va avec. C'est dans cette atmosphère extrêmement glauque qu'on assite à la lente reconstruction de Paris.
La rigueur historique est édifiante. Des pans du récit sont issus de faits véridiques. Les notes de pages sont instructives. La quantité de ressources qu'il a fallu à l'auteur pour écrire ce livre est phénoménale. En aucun cas Romain a tenté d'adoucir ou de glorifier quoi que ce soit, il s'est contenté de dépeindre cette période dans toute sa complexité. Je salue cette prouesse.
J'ai adoré ce livre pour pleins de bonnes raison. Tout d'abord, par l'audace de son auteur d'avoir mis en scène un tel anti-héros en la personne de Léon Sadorski. Ensuite, par la façon dont a été utilisé le genre polar pour éclaircir cette zone d'ombre de l'histoire. Enfin, le thème de la spoliation qui rappelle un pan douloureux de cette période. C'était une très bonne lecture !
Bonne lecture amis lecteurs
Extrait : Il vibre encore de colère. De rage. Pas seulement contre elle, mais contre toute la société. Il en veut à cette administration implacable, bornée, imbécile, à cette caste de politicards vendus et voleurs, à ces profiteurs enrichis… Cette France qui a rampé après la débâcle, n'a songé qu'à une chose, l'essentiel : se caler les intestins ! Mieux, se gaver, se goinfrer, dans beaucoup de cas.
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